La Journée de la Non-Violence Educative
- Ma doula lé la
- 17 avr. 2019
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 mai 2019
Journée Internationale pour sensibiliser à la bienveillance et au respect des enfants
Pour ce premier article, je souhaite parler de la
Journée Internationale de la Non-Violence Éducative
qui a lieu tous les ans le 30 avril.

Qu'est-ce que c'est ?
Il s'agit d'une journée pour sensibiliser à la violence éducative. C’est-à-dire, en prendre conscience, la dépister, réfléchir sur sa pratique d'éducateur et de parent et amener un changement de regard sur l'éducation des enfants.
En France, les enfants subissent des violences.
On pense bien sûr aux violences graves qui relèvent de la maltraitance et contre laquelle les enfants sont protégés grâce au cadre légal et les institutions (protection de l'enfance).
Mais au-delà de cet aspect, c'est de la Violence Educative Ordinaire VEO dont je veux parler. Celle qui touche tous les enfants de notre société.
Des violences physiques et verbales, psychologiques, émotionnelles. Ou parfois même des violences associées :
« Tu arrêtes ça tout de suite sinon c'est la fessée ! »
« Tu es vraiment nul. »
« Arrête de pleurer, t’es pas un bébé. »
Variante : « T’es pas joli(e) quand tu pleures. »
« Tiens prends ça (claque) comme ça,
tu sauras pourquoi tu pleures au moins. »
La Journée Internationale de la Non-Violence Éducative a pour but de dénoncer ces pratiques éducatives si présentes dans le quotidien de nos enfants car ils la rencontrent partout : à la maison, à l'école, à la cantine, dans les activités extra-scolaires, chez les grands-parents, les amis, la famille, et même dans les commerces, dans la rue :
« Tu me copieras 10 fois ... »
« Fais un bisou à Mamie sinon elle ne t'achète pas de glace. »
« Dis bonjour à la dame, fais un bisou. »
La VEO regroupe toutes les formes de coups, de cris, de punitions, de contraintes corporelles, de menaces, de chantage, de privation, …
« Va au coin. »
« Tu n’auras pas de dessert. »
« Je te mords moi aussi, comme ça tu comprendras que ça fait mal. »

Mais pourquoi?
Pourquoi les adultes en charge d'enfants utilisent cette forme d’éducation ?
De plus en plus d'ouvrages parlent du sujet. Certains datent de plusieurs décennies maintenant.
Les recherches en neurosciences ont fait de réelles avancées ces dernières années et on sait que la VEO est néfaste au bon développement de l'enfant.
Alors pourquoi ça continue ?
Parce qu'historiquement, nous sommes imprégnés d'un mode éducatif violent envers les enfants. Il est probable que l'origine de la VEO remonte à la sédentarisation des hommes préhistoriques.
Dès les prémices de la civilisation, puis renforcée au fil du temps : civilisations Grecque et Latine, Christianisme, Moyen-âge, Renaissance, Société Industrielle, … la VEO est inscrite dans l'Histoire et dans les pratiques éducatives depuis des millénaires.
Par conséquent, vous comprendrez bien que ce n'est pas en une seule lecture de cet article que vous vous sortirez de ce conditionnement collectif ! Dommage!

Alors que faire ?
Plutôt que de culpabiliser sur ce que l'on fait, ou avons fait, ou de fermer les yeux :
« J'ai reçu des fessées et je ne suis pas mort »,
soyons acteurs du changement !
En prendre conscience est le premier pas. Se questionner, s'informer, en parler avec d'autres personnes sensibilisées sur ce sujet en est un autre.
Il existe des associations de parents, telle l’Arbre à bébés, qui organisent partout en France des rencontres sur le thème de l’accompagnement respectueux des enfants.
De plus en plus d’ouvrages, concrets, peuvent aider dans la démarche (quelques références) :
"Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfant parlent"
d'A. Faber et E. Mazlish
"J’ai tout essayé" / "Il me cherche" / "On ne se comprend plus" d’I. Filliozat
"Vivre heureux avec son enfant" de Catherine Gueguen
Des coachs parentaux se forment à cette nouvelle façon de voir la relation éducative, basée sur la qualité du lien avec nos enfants. Leurs ateliers s’appuient sur les dernières recherches en neurosciences, n’hésitez pas à aller y participer, l’émulation du groupe vous apportera beaucoup.
Partout en France, des conférences sont organisées régulièrement sur les sujets de parentalité et la plupart tendent à faire connaître la bienveillance et l’empathie dans la relation avec nos enfants. Les associations locales en programment tout au long de l’année. N’hésitez pas à les contacter pour connaître les prochaines dates ou proposer vos idées.
La Maison de l’Enfant recense les actions menées à l’occasion de la Journée de la Non-Violence Éducative,
D'accord, mais si je suis seul, à quoi ça sert ?

Plus on avance sur le chemin d’une éducation sans violence, plus cela devient difficile de supporter cette violence dans notre entourage au quotidien, notre société fonctionnant majoritairement en mode « punitions/récompenses ».
Notre enfant n’est pas 24h/24 avec nous, nous ne pouvons pas l’extraire de son environnement pour le mettre dans un cocon de soie et de douceur… il a besoin de vivre, de relation, de confrontation avec autrui…. Il en revient parfois bouleversé. Il ressent de l’injustice face à des situations dont il a été victime ou témoin. Il s’interroge sur ces actes.
En tant que parents c’est difficile de le voir en souffrir parfois. On n’a pas toujours les moyens d’agir pour l’en protéger.
« La maîtresse m’a mis au coin »
En tant que parents, peut-on interdire à la maîtresse de telles pratiques ? C’est compliqué.
Dans l’immédiat, on ne peut qu’accueillir notre enfant, ses ressentis, ses émotions et sentiments et lui confirmer notre amour. Nous pouvons lui expliquer que nous ne sommes pas d’accord avec cette façon de parler, ou d’agir.
Nous pouvons tenter d’aller expliquer notre point de vue aux enseignants. Pour cela il faudra du tact si on veut avoir une chance que notre parole soit entendue et comprise. La Communication NonViolente (CNV) est un outil fabuleux qui peut nous y aider.
Cependant, le temps de la maîtriser un peu, notre enfant sera peut être passé dans la classe suivante ! (Je vous conseille quand même de commencer, ça vaut le coup !)
Mais les choses changent (doucement…)
Déjà 54 pays du monde (dont 32 en Europe) ont voté une loi interdisant les violences éducatives sur les enfants.
Le 1er pays à l’avoir fait est la Suède, il y a de cela 30 ans. Ils arrivent donc à la deuxième génération d’enfants protégés contre les violences éducatives et cela fait toute la différence dans la conscience collective !
réalisé par Marion Cuerq et Elsa Moley,
l’explique vraiment très bien.
Ce film, plus je le regarde, plus je suis bousculée !
Depuis plusieurs années l’Europe demande à la France de mettre en place une loi dans ce sens afin de se conformer à la législation européenne. C’est long, mais cela avance. En novembre 2018, une proposition de loi a été adoptée à l’Assemblée Nationale. En mars 2019 le Sénat l’a approuvé. Cette loi devrait donc bientôt voir le jour.
Les organisations et associations militants contre les VEO, tel l’OVEO auraient voulu plus encore concernant le contenu de la loi. Mais pour l’instant il semble compliqué, en France, de faire passer une loi contre les VEO.
Prenons ça comme une première avancée, un nouveau pas vers une éducation respectueuse de nos enfants, et continuons à œuvrer car la VEO est loin d’être abolie.
Espérons que cette loi permettra de poser un cadre non-violent à l’éducation des enfants dans quelque lieu que ce soit : à la maison, l’école, la garderie, le centre de loisirs, les lieux publics…
Espérons que cette loi sera suffisamment forte pour provoquer un revirement du discours habituel dans les médias (journaux, télévision) et les lieux d’accueil des enfants.
« une fessée de temps en temps, ça remet les choses à leur place »
Exit des programmes télévisés aux heures de grandes audiences, la « Super Nanny » qui isole les enfants dans leur chambre et nie leurs les émotions sous couvert de « caprices »!
C’est ce changement de cadre culturel qui servira à faire évoluer la conscience collective sur les droits de l'enfant.
Les parents déjà engagés dans cette voie y trouveront plus de sérénité face au regard souvent désapprobateur de l’entourage. Les autres seront accompagnés et encouragés à évoluer.
Quel avenir pour nos enfants?

Que vous soyez d’accord avec mes propos ou pas, j’espère avoir éveillé votre curiosité.
En tant que parents, nous aimons nos enfants. Que voulons nous leur apporter au quotidien? Quel exemple de parentalité voulons-nous qu'ils gardent en souvenir?
Pour ma part, je veux contribuer à lutter contre la VEO et pour les droits de l’enfant !
Retrouvez les actions organisées à l'occasion de la Journée Internationale de la Non-Violence Educative 2019 près de chez vous ici (liste non exhaustive) et venez y participer !
"L’Amour et la compassion sont des nécessités, pas un luxe.
Sans eux, l’humanité ne peut pas survivre."
Dalaï Lama
Comments