C'est en mettant en place un environnement et un accompagnement adaptés à son développement, que l'enfant va utiliser naturellement son potentiel d'apprentissage.
C'est ce que nous livre Cécile Alvarez dans son livre "Les lois naturelles de l'enfant".
Un livre que j'ai dévoré, facile à lire, et où j’ai appris plein de choses sur le cerveau de l’enfant, son développement et des inspirations pour bien accompagner nos enfants à grandir.
1. Une expérience inédite en France
Reconstituons le contexte du livre :
De son histoire d’écolière, Cécile Alvarez se pose des questions sur la façon dont est mené l’enseignement scolaire en France par rapport à la nature et aux besoins des enfants.
Elle a pour projet de mener une expérience auprès d’une classe de maternelle en ZEP (Zone d’Education Prioritaire). Pour cela elle passe le concours de Professeur des Ecoles, monte le projet et mène son expérience sur 3 ans dans la même classe (petite section PS, moyenne section MS et grande section GS) avec suivi scientifique, accord des parents et de l’Education Nationale.
Son enseignement se bas sur la connaissance des mécanismes naturels d’apprentissage selon les travaux de :
· Jean Itard, médecin du XVIIIè siècle.
· Edouard Seguin, le disciple de Jean Itard, qui a poursuivi son travail.
· Maria Montessori, médecin également qui a enrichi les travaux de ses prédécesseurs par des apports psychologiques.
Un rappel important : Maria Montessori, en nous laissant ses idées en héritage nous invite à les compléter et les modifier à mesure que la connaissance du développement humain avance. Ce n’est pas une pédagogie figée, il faut la faire évoluer. Et c’est avec ce positionnement que Cécile Alvarez a travaillé.
Je passe sur les problématiques administratives et institutionnels qu’à rencontrées Cécile lors de son expérimentation (avec les tensions que cela a engendré) pour en venir aux résultats : Ceux-ci ont été exceptionnels ! A la fin de l’expérience, tous les élèves de GS et 90% des MS étaient lecteurs et avaient d’excellentes compétences en arithmétique. De plus, ils avaient développé de grandes qualités morales et sociales.
Ces résultats ont été obtenus grâce aux activités proposées au sein de la classe et aussi grâce la posture des adultes encadrants les enfants. Celle-ci était appropriée pour aider les enfants à développer leur potentiel selon les connaissances scientifiques sur le développement humain, en particulier le cerveau.
2. L’intelligence de l’être humain
Le bébé nait avec un cerveau immature MAIS qui a une capacité à se développer de manière exceptionnelle. C’est l’expérience qu’il va vivre dans le monde qui va lui permettre d’en augmenter le potentiel (ou de l’entraver… !).
De la naissance à 5 ans, 700 à 1 000 nouvelles connexions neuronales se créent chaque seconde ! L’enfant de cet âge possède 1 million de milliard de connexions de neurones, l’adulte en possède 300 000 milliards.
L’enfant de 5 ans possède 1 000 000 000 000 000 de connexions neuronales.
L’adulte en possède 300 000 000 000 :
Vous ne regardez plus votre enfant de la même façon !
Le cerveau se structure directement avec ce que vit l’enfant au quotidien. Et cela tombe bien car à ce moment de vie où les connexions neuronales sont les plus nombreuses : c’est la grande période d’exploration des enfants !
Il devient alors essentiel de ne pas entraver ce processus pour notre confort ou par nos propres peurs :
« Ne touche pas à ça »
« Reste-là »
« Assieds-toi »
« Attends »
« Tais-toi »
Car en faisant cela nous restreignons le développement de son intelligence !
Les deux premières années de vie sont particulièrement importantes. A 2 ans, la plupart des acquisitions langagières, sociales, cognitives, sensorielles et motrices sont construites. C’est sur ses bases que l’intelligence va s’appuyer pour se développer les prochaines années (et toute la vie… !).
Comment faire pour favoriser cela ? Rien d’extraordinaire : laisser l’enfant vivre et expérimenter !
3. Les lois naturelles de l’apprentissage
Un bref résumé de chacune des lois décrites dans le livre :
· Apprendre par ses expériences actives : c’est en expérimentant par lui-même que l’enfant va apprendre le mieux. Il pourra se tromper et rectifier de lui-même ses erreurs, jusqu’à obtenir le résultat souhaité, bien plus efficacement qu’un cours oral d’explication de connaissance par un tiers.
· Se faire guider par autrui : rien ne remplace l’interaction humaine lors d’un apprentissage. L’enfant mène ses expériences actives, l’adulte (ou un autre enfant qui sait) donne les clefs de compréhensions de manière non invasive, et c’est l’enfant qui explore les nouvelles possibilités qui lui sont proposées. Le but est de ne pas entraver l’enthousiasme de l’enfant dans la découverte. Par exemple pour l’apprentissage de la lecture, il semble nécessaire de donner à l’enfant la correspondance lettre/son puis de le laisser décoder spontanément le sens des mots.
· Le mélange des âges : c’est en mélangeant les pages des enfants dans les classes qu’ils font le plus de progrès, le savoir des uns venant enrichir naturellement celui des autres. Le fait de retransmettre des connaissances à d’autres ancre plus profondément les savoirs.
· L’importance de l’erreur : l’erreur constitue l’apprentissage. L’éviter freine l’apprentissage. Sanctionner les erreurs, comme le fait le système scolaire par des appréciations ou des notes est donc une très mauvaise idée !
· La richesse du monde réel : l’intelligence se construit en se nourrissant d’expériences vivantes et dynamiques de la vie réelle. Il ne faut pas le couper du monde. Les activités proposées doivent reprendre des activités quotidiennes (nettoyer, ranger, …), et être en contact avec la nature.
· L’importance de la nature : apprendre comment fonctionne la nature afin d’être conscient du fonctionnement de la planète sur laquelle nous vivons. Prendre soin des plantes, s’en nourrir, prendre soin de soi, observer les insectes, les saisons…
· Un environnement riche, mais pas surchargé : favoriser la qualité plutôt que la quantité. Un environnement surchargé provoque du stress.
· Prendre le temps de ne rien faire et de rêvasser : ce sont des moments privilégiés où le cerveau va mettre de l’ordre dans toutes ses données.
· L’importance du sommeil : pendant le sommeil le cerveau trie les informations de la journée. Une fois les informations organisées, il y a « de la place » pour de nouvelles connaissances. Il est donc important de respecter ce temps.
· L’enfant retient ce qui fait sens : pour que les informations soient retenues et organisées par le cerveau il faut qu’elles aient du sens. Sinon elles seront éliminées pour « faire de la place ».
· L’importance du jeu libre entre enfants : courir, chahuter, … Il favorise le développement cérébral, moteur et l’équilibrage émotionnel.
· La toxicité du stress : l’enfant confronté à une situation stressante vit une tempête émotionnelle (colère, angoisse) qu’il ne sait pas calmer seul. Dans ce cas, les hormones de stress, notamment le cortisol, est libéré dans l’organisme. Ce cortisol est toxique, il attaque des connexions neuronales, empêchant l’apprentissage et jusqu’à de possibles troubles de la mémoire.
· La bienveillance : pour augmenter les capacités d’apprentissage, il faut être entouré de personnes qui nous aiment, empathiques et affectueuses.
4. Accompagner son enfant dans son apprentissage :
· Savoir qu’il existe des périodes sensibles.
A ces moments-là le cerveau met en place des compétences spécifiques. Deux d’entre elles : celle du langage et celle du développement sensoriel (exploration par les sens : observer, toucher, sentir, goûter, écouter) ont lieu avant l’âge d’un an.
Puis la période du développement des compétences exécutives arrive (entre 3 et 5 ans) : c’est-à-dire l’âge où l’enfant veut faire « tout seul ».
En respectant ces périodes, c’est-à-dire en ne les entravant pas, l’enfant construit les bases de son développement, sur lesquelles il grandira et construira toute sa vie (sociale, professionnelle, affective, …)
· Favoriser l’autonomie au quotidien.
Plus on laisse les enfants se prendre en charge et faire « seuls » dans leur période sensible, plus leur développement cérébral et moteur sera optimal. Faire à la place pour faire mieux, faire « comme il faut » ou pour aller plus vite est à éviter.
Pour guider l’enfant on peut prendre le temps de lui montrer individuellement et de façon claire les gestes à effectuer, qu’il pourra reproduire, et améliorer pour y arriver.
Arroser les plantes
Ramasser ses papiers de découpage avec une balayette
Essuyer la table
Épousseter
· Plus de liberté.
C’est la motivation intérieure, cette volonté de faire, qui va ancrer l’apprentissage et développer les compétences exécutives de l’enfant.
Eviter les activités structurées et laisser les enfants explorer à leur rythme :
Marcher dans la nature
Ramasser des pommes de pin, de la mousse, des feuilles mortes, des brindilles…
Jeter des cailloux dans l’eau
Grimper aux arbres
· Eviter les situations de stress :
Protéger l’enfant du stress toxique en le protégeant de la violence, c’est-à-dire toute la Violence Éducative Ordinaire. Au contraire, l’accompagner dans ses émotions, l’aider à les comprendre. Cela développe sa confiance en lui et lui permettra par ricochet de mieux comprendre les autres.
· Retour à soi :
Savoir s’écouter, écouter son corps. C’est un conseil essentiel pour les adultes accompagnants car pour assurer tout ce travail d’accompagnement auprès des enfants, il est important de détecter où sont nos limites et décider de prendre soin de soi. Se reposer quand on est fatigué, malade. C’est indispensable pour développer la bienveillance.
La bienveillance envers autrui commence avec soi-même.
Pour conclure, Cécile Alvarez nous livre que le secret, c’est l’amour. En se reliant avec nos enfants et en leur permettant de se relier entre eux (qui est une compétence sociale innée), les enfants vont développer de l’empathie et de l’entraide car la nature de l’être humain est profondément altruiste. C’est l’environnement et l’accompagnement qui vont permettre de se révéler et s’épanouir.
Pour en savoir plus : https://www.celinealvarez.org/
Pour une éducation libre et consciente,
Ma doula lé la !
